
Du Conte à la terrasse : les métamorphoses sociales de Konpè Lapen
La Collection « Konpè Lapen en terrasse des cafés »
Exploration de l’univers social du héros créole
Après le succès de la collection « Tour Eiffel Fashion Show » où notre Konpè Lapen s’est imposé en véritable dandy parisien, je suis ravie de vous présenter ma nouvelle série d’œuvres : « Konpè Lapen en terrasse des cafés ».
Une nouvelle dimension sociale
Cette collection explore une facette inédite de notre héros malicieux : sa vie sociale. Car si Konpè Lapen est un personnage emblématique des contes créoles, une question demeure : qui sont ses compagnons de route ? A-t-il une famille, des amis, des relations ? Est-ce le même Konpè Lapin que l’on retrouve d’île en île à travers les Antilles ?
Mes nouvelles créations jouent délibérément avec ces interrogations en mettant en scène non plus un Konpè Lapen toujours solitaire, mais plusieurs versions de notre héros – à la fois identiques et différentes – entourées de compagnons ou de présences féminines.
La Belle Époque comme théâtre social
Les terrasses des cafés parisiens de la Belle Époque sont un cadre idéal pour cette exploration sociale. Lieux de rencontres, d’échanges intellectuels et de parade mondaine, ces espaces emblématiques me permettent de mettre en scène un Konpè Lapen sociable, conversant avec ses semblables.
On le découvre tantôt attablé en compagnie d’une élégante Dame Lapen vêtue de rouge, tantôt déambulant avec assurance parmi une foule de dandys anthropomorphes sous les ombrelles colorées d’un café parisien.
Ces scènes évoquent la richesse des interactions sociales tout en questionnant l’identité même de notre héros.

Un jeu d’identités multiples
L’originalité de cette collection réside dans sa capacité à jouer avec le concept d’identité. En multipliant les représentations de Konpè Lapen, tantôt en costume rayé, tantôt arborant un gilet jaune flamboyant ou une redingote impeccable, je questionne l’unicité du personnage.
Cette approche fait écho à la réalité des contes créoles, où Konpè Lapen, bien qu’identifiable par sa ruse légendaire, prend des formes variables selon les îles et les conteurs. Est-il un archétype universel qui se décline en multiples variations ou existe-t-il autant de Konpè Lapen que de territoires kreyolphones ?
L’ élégance au féminin
Une innovation majeure de cette collection est l’introduction de figures féminines. La présence d’une élégante Dame Lapen en robe terracotta attablée aux côtés de notre héros ouvre tout un champ de possibilités narratives : s’agit-il d’une compagne, d’une amie ou d’une autre figure emblématique des contes que je réinterprète ?
Cette dimension féminine enrichit considérablement l’univers de Konpè Lapen, traditionnellement dominé par des confrontations masculines avec Konpè Tig et autres adversaires.
Une esthétique raffinée et symbolique
Comme dans mes précédentes créations, j’ai privilégié une palette de couleurs contrastées où le noir profond des personnages se détache sur des accents de rouge, de jaune or et de bleu. Les détails vestimentaires – nœuds papillon, cannes, chapeaux – sont travaillés avec précision afin d’évoquer à la fois l’élégance Belle Époque et les silhouettes audacieuses de Thierry Mugler.
Les horloges présentes dans certaines compositions rappellent la temporalité suspendue des contes, tandis que les parapluies et les jeux d’ombre créent une atmosphère à la fois sophistiquée et légèrement mystérieuse.
Un dialogue entre tradition et innovation
Cette nouvelle collection poursuit mon exploration artistique du patrimoine créole à travers les techniques contemporaines. En utilisant l’intelligence artificielle comme médium, je parviens à créer des ponts inédits entre la tradition orale et les possibilités visuelles actuelles.
« Konpè Lapen en terrasse des cafés » constitue ainsi non seulement un hommage à l’héritage culturel créole mais aussi une invitation à réinventer constamment nos traditions afin qu’elles demeurent vivantes et en dialogue avec notre présent.
La collection « Konpè Lapen en terrasse des cafés » est désormais visible dans la galerie virtuelle permanente. De nouvelles œuvres seront ajoutées régulièrement afin d’enrichir cette exploration des facettes sociales de notre héros créole.
La parole mawon : Konpè Lapen comme paradigme d’une esthétique de résistance
La parole mawon : Konpè Lapen comme paradigme d’une esthétique créole de résistance L’obscurité s’épaissit. Des corps se pressent en cercle, respirations suspendues. Une voix s’élève : « Yé krik ! » La réponse fuse : « Yé krak ! ».Avec cette formule magique commence le cinéma le plus ancien de l’espace kréyolphone. Un cinéma sans caméra, sans écran, un cinéma dont les images se projettent directement dans l’imaginaire collectif. Un cinéma dont l’acteur principal, depuis des générations, demeure Konpè Lapen. Le premier cinéaste créole Si l’on définit le cinéma non par sa technologie mais par sa fonction – créer des mondes, projeter des séquences visuelles partagées, orchestrer des émotions collectives – alors le conteur créole traditionnel est notre premier cinéaste. Il manipule le montage (enchaînement des péripéties), le cadrage (focus sur certains détails), la bande-son (onomatopées, rythmes, silences) et la performance (gestuelle, modulations vocales). Sa toile est l’imagination de son auditoire ; sa caméra, la parole versatile. Dans cette cinématographie orale, Konpè Lapen, à la fois acteur, scénariste et metteur en scène, occupe une place comparable aux grandes figures du cinéma mondial. Star incontestée des nuits caribéennes, son nom seul suffit à rassembler un public avide d’aventures. Mais contrairement aux protagonistes du cinéma dominant, sa force réside paradoxalement dans sa vulnérabilité. Petit, faible, sans défense apparente face aux puissants prédateurs qui l’entourent, il incarne une résistance qui ne peut s’exprimer par la confrontation directe mais qui doit emprunter les voies du détour, de la ruse, de la manipulation stratégique. Faut-il y voir un hasard si ce personnage a émergé précisément dans le contexte de la plantation esclavagiste, système où toute résistance frontale était brutalement réprimée?Konpè Lapen est né de cette nécessité : montrer comment survivre et même triompher quand on est structurellement privé de pouvoir. Ses victoires répétées sur Konpè Tig ou Konpè Léfan constituaient ainsi des scénarios de résistance offerts aux opprimés, non comme incitation directe à l’action mais comme laboratoire où explorer les possibilités de subversion des rapports de force. Mawonnaj narratif : la politique du détour Décrypter le rôle politique de Konpè Lapen nécessite de comprendre ce que j’appelle le « mawonnaj narratif ». Le terme mawonnaj (marronnage) désigne initialement la fuite des esclaves vers les mornes et forêts inaccessibles. Par extension, j’utilise ce concept pour qualifier cette stratégie narrative qui, par le détour de la fable animalière, élabore un discours critique camouflé. Le mawonnaj narratif opère à plusieurs niveaux : La dilution contemporaine : un cinéma orphelin de son scénario Aujourd’hui, une inquiétante transformation s’opère. Konpè Lapen, ce personnage multiséculaire forgé dans le creuset des résistances créoles, se trouve progressivement réduit à une figure folklorique inoffensive. Les versions contemporaines destinées aux jeunes publics conservent l’enveloppe narrative (un lapin rusé qui joue des tours) mais évacuent la substantifique moelle politique. Le processus de dilution prend plusieurs formes : La bonne volonté ne suffit pas ; encore faut-il accéder à la connaissance authentique de ces récits dans toute leur profondeur. Cette connaissance réside chez les Anciens, détenteurs d’une mémoire non pas fossilisée mais vivante, capables encore de percevoir dans ces contes leur dimension cathartique et politique. Notre responsabilité est de créer des ponts entre ces gardiens de la tradition et les nouvelles formes d’expression contemporaines. Karibo-futurisme : quand Konpè Lapen conquiert de nouveaux territoires Face à cette dilution, ma démarche artistique propose une voie alternative que je conceptualise comme le « karibo-futurisme ». Une approche esthétique et politique qui projette les figures, mythes et sensibilités caribéennes dans des espaces-temps dont elles ont été historiquement exclues et qui crée ainsi des uchronies visuelles qui décolonisent l’imaginaire. Ma collection « Konpè Lapen Parisien : Chroniques de la Belle Époque » constitue une manifestation concrète de cette approche. En transposant cette figure emblématique de l’oralité créole au cœur du Paris fin-de-siècle, je pratique ce que j’appelle une « réappropriation spéculative ». Un processus par lequel les symboles culturels marginalisés investissent les centres du pouvoir, non en position subalterne mais en conquérants élégants. Cette démarche karibo-futuriste n’est pas une simple fantaisie esthétique. Elle est une intervention politique dans le champ des représentations. En montrant Konpè Lapen vêtu des plus élégantes tenues parisiennes, déambulant avec assurance devant la Tour Eiffel ou trônant sur les podiums de la haute couture, je réalise cette opération qu’Édouard Glissant appelait « forcer la vision », imposer dans le champ visuel des présences que l’histoire officielle a systématiquement effacées. Le karibo-futurisme retourne ainsi la logique coloniale de l’exclusion spatiale et temporelle. Si les cultures créoles ont été reléguées aux marges géographiques (les îles, périphéries des empires) et temporelles (sociétés présentées comme « en retard »), cette approche les propulse au centre géographique du pouvoir colonial et dans une temporalité qui leur était interdite.Konpè Lapen n’est plus confiné aux mornes et aux forêts des contes traditionnels ; il arpente désormais les boulevards haussmanniens, le cœur même de la capitale impériale, avec l’assurance tranquille du conquérant. Kreyollywood : un écosystème pour le cinéma créole Cette réappropriation spéculative trouve son prolongement naturel dans mon concept de « Kreyollywood », un écosystème cinématographique centré sur les langues et esthétiques créoles. Tout comme Hollywood a créé les structures permettant l’émergence et la diffusion globale d’un certain cinéma américain, Kreyollywood vise à développer l’infrastructure matérielle, critique et théorique nécessaire à l’épanouissement d’un cinéma authentiquement créole. Ma thèse sur l’émergence d’une Nouvelle Vague créole dans le cinéma contemporain s’inscrit dans cette vision. Elle identifie le « réel magique » comme fil conducteur reliant le cinéma oral traditionnel aux expressions filmiques actuelles, comme capacité à intégrer naturellement l’extraordinaire dans le quotidien sans rupture ontologique.Dans les contes de Konpè Lapen, les animaux parlent sans que cela constitue une transgression des lois naturelles ; de même, le cinéma de la Nouvelle Vague créole incorpore des éléments surnaturels comme composantes organiques d’une réalité sociale complexe. Le lien entre le conte traditionnel et ces nouvelles expressions cinématographiques n’est donc pas artificiel ou forcé ; il révèle une continuité épistémologique profonde, une manière spécifiquement créole d’appréhender, de représenter etDu Conte au couturier. La métamorphose parisienne de Konpè Lapen
Au sein de la collection « Konpè Lapin Parisien : Chroniques de la Belle Époque », la série « Fashion Show » représente une incursion audacieuse dans l’univers de la haute couture parisienne de la fin du XIXe siècle. Cette série transforme notre protagoniste créole en véritable icône de style, naviguant avec assurance au cœur des défilés et des présentations de mode qui ont contribué à établir Paris comme capitale mondiale de l’élégance..Du Conte à la terrasse : les métamorphoses sociales de Konpè Lapen
ette collection explore une facette inédite de notre héros malicieux : sa vie sociale. Car si Konpè Lapin est un personnage emblématique des contes créoles, une question demeure : qui sont ses compagnons de route ? A-t-il une famille, des amis, des relations ?Métamorphoses créoles : Konpè Lapen réinventé à travers l’art numérique
Au cœur des contes créoles se dresse une figure emblématique : Konpè Lapin. Ce personnage malicieux et toujours victorieux incarne l’intelligence et la résistance face à l’adversité. Transmis de génération en génération à travers l’oralité créole, ce héros aux mille tours a su déjouer les pièges des plus redoutables adversaires