Konpè Lapen et l’art décolonial

Une collection d’œuvres rendant hommage à l’Esprit indomptable des contes créoles

L’HÉRITAGE DE KONPÈ LAPIN

Au cœur des contes créoles se dresse une figure emblématique : Konpè Lapen.
Ce personnage malicieux et toujours victorieux incarne l’intelligence et la résistance face à l’adversité. Transmis de génération en génération à travers l’oralité créole, ce héros aux mille tours a su déjouer les pièges des plus redoutables adversaires (Konpè Tig,..) grâce à son esprit vif et sa ruse légendaire.

UNE VISION CONTEMPORAINE

Mes collections réinventent ce personnage iconique en lui offrant une nouvelle dimension esthétique.
Ici, Konpè Lapen apparaît métamorphosé en dandy élégant de la Belle Époque, arborant une silhouette audacieuse inspirée de l’univers de Thierry Mugler. Cette transformation visuelle conserve l’essence même du personnage – sa malice et sa prestance – tout en le propulsant dans une temporalité nouvelle et sophistiquée.

L’ART ET L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Ces œuvres naissent d’un dialogue entre tradition orale et technologies contemporaines. En utilisant l’intelligence artificielle comme médium créatif, j’explore de nouvelles possibilités visuelles afin de représenter ce patrimoine culturel.
Chaque tableau est le fruit d’une collaboration entre l’imaginaire humain, nourri par les récits ancestraux, et les capacités génératives de l’IA : un pont entre tradition et modernité numérique.

COLLECTIONS THÉMATIQUES

Ma galerie se déploie en plusieurs collections distinctes, chacune explorant une facette différente de Konpè Lapin :

  • Élégance Belle Époque : Konpè Lapin en redingote et chapeau haut-de-forme, naviguant dans les rues et salons parisiens du début du XXe siècle ;
  • Métamorphoses : variations sur le thème de la transformation et du déguisement, art dans lequel excelle notre héros ;
  • Etc.

UN HOMMAGE VIVANT

Plus qu’une simple représentation visuelle, ces œuvres constituent un hommage particulier à l’héritage créole et à sa capacité à transcender le temps. En réinventant Konpè Lapin, je célèbre la résilience et l’ingéniosité qui caractérisent tant le personnage que les cultures dont il est issu.

Ces créations ont vocation à évoluer et à s’enrichir, à ouvrir la voie à de futures expositions où le public pourra redécouvrir ce patrimoine immatériel sous un jour nouveau. Ma démarche s’inscrit dans une volonté de préservation active de la mémoire collective : la tradition n’est pas figée mais constamment réinventée et revitalisée.


  • La parole mawon : Konpè Lapen comme paradigme d’une esthétique de résistance

    La parole mawon : Konpè Lapen comme paradigme d’une esthétique créole de résistance L’obscurité s’épaissit. Des corps se pressent en cercle, respirations suspendues. Une voix s’élève : « Yé krik ! » La réponse fuse : « Yé krak ! ».Avec cette formule magique commence le cinéma le plus ancien de l’espace kréyolphone. Un cinéma sans caméra, sans écran, un cinéma dont les images se projettent directement dans l’imaginaire collectif. Un cinéma dont l’acteur principal, depuis des générations, demeure Konpè Lapen. Le premier cinéaste créole Si l’on définit le cinéma non par sa technologie mais par sa fonction – créer des mondes, projeter des séquences visuelles partagées, orchestrer des émotions collectives – alors le conteur créole traditionnel est notre premier cinéaste. Il manipule le montage (enchaînement des péripéties), le cadrage (focus sur certains détails), la bande-son (onomatopées, rythmes, silences) et la performance (gestuelle, modulations vocales). Sa toile est l’imagination de son auditoire ; sa caméra, la parole versatile. Dans cette cinématographie orale, Konpè Lapen, à la fois acteur, scénariste et metteur en scène, occupe une place comparable aux grandes figures du cinéma mondial. Star incontestée des nuits caribéennes, son nom seul suffit à rassembler un public avide d’aventures. Mais contrairement aux protagonistes du cinéma dominant, sa force réside paradoxalement dans sa vulnérabilité. Petit, faible, sans défense apparente face aux puissants prédateurs qui l’entourent, il incarne une résistance qui ne peut s’exprimer par la confrontation directe mais qui doit emprunter les voies du détour, de la ruse, de la manipulation stratégique. Faut-il y voir un hasard si ce personnage a émergé précisément dans le contexte de la plantation esclavagiste, système où toute résistance frontale était brutalement réprimée?Konpè Lapen est né de cette nécessité : montrer comment survivre et même triompher quand on est structurellement privé de pouvoir. Ses victoires répétées sur Konpè Tig ou Konpè Léfan constituaient ainsi des scénarios de résistance offerts aux opprimés, non comme incitation directe à l’action mais comme laboratoire où explorer les possibilités de subversion des rapports de force. Mawonnaj narratif : la politique du détour Décrypter le rôle politique de Konpè Lapen nécessite de comprendre ce que j’appelle le « mawonnaj narratif ». Le terme mawonnaj (marronnage) désigne initialement la fuite des esclaves vers les mornes et forêts inaccessibles. Par extension, j’utilise ce concept pour qualifier cette stratégie narrative qui, par le détour de la fable animalière, élabore un discours critique camouflé. Le mawonnaj narratif opère à plusieurs niveaux : La dilution contemporaine : un cinéma orphelin de son scénario Aujourd’hui, une inquiétante transformation s’opère. Konpè Lapen, ce personnage multiséculaire forgé dans le creuset des résistances créoles, se trouve progressivement réduit à une figure folklorique inoffensive. Les versions contemporaines destinées aux jeunes publics conservent l’enveloppe narrative (un lapin rusé qui joue des tours) mais évacuent la substantifique moelle politique. Le processus de dilution prend plusieurs formes : La bonne volonté ne suffit pas ; encore faut-il accéder à la connaissance authentique de ces récits dans toute leur profondeur. Cette connaissance réside chez les Anciens, détenteurs d’une mémoire non pas fossilisée mais vivante, capables encore de percevoir dans ces contes leur dimension cathartique et politique. Notre responsabilité est de créer des ponts entre ces gardiens de la tradition et les nouvelles formes d’expression contemporaines. Karibo-futurisme : quand Konpè Lapen conquiert de nouveaux territoires Face à cette dilution, ma démarche artistique propose une voie alternative que je conceptualise comme le « karibo-futurisme ». Une approche esthétique et politique qui projette les figures, mythes et sensibilités caribéennes dans des espaces-temps dont elles ont été historiquement exclues et qui crée ainsi des uchronies visuelles qui décolonisent l’imaginaire. Ma collection « Konpè Lapen Parisien : Chroniques de la Belle Époque » constitue une manifestation concrète de cette approche. En transposant cette figure emblématique de l’oralité créole au cœur du Paris fin-de-siècle, je pratique ce que j’appelle une « réappropriation spéculative ». Un processus par lequel les symboles culturels marginalisés investissent les centres du pouvoir, non en position subalterne mais en conquérants élégants. Cette démarche karibo-futuriste n’est pas une simple fantaisie esthétique. Elle est une intervention politique dans le champ des représentations. En montrant Konpè Lapen vêtu des plus élégantes tenues parisiennes, déambulant avec assurance devant la Tour Eiffel ou trônant sur les podiums de la haute couture, je réalise cette opération qu’Édouard Glissant appelait « forcer la vision », imposer dans le champ visuel des présences que l’histoire officielle a systématiquement effacées. Le karibo-futurisme retourne ainsi la logique coloniale de l’exclusion spatiale et temporelle. Si les cultures créoles ont été reléguées aux marges géographiques (les îles, périphéries des empires) et temporelles (sociétés présentées comme « en retard »), cette approche les propulse au centre géographique du pouvoir colonial et dans une temporalité qui leur était interdite.Konpè Lapen n’est plus confiné aux mornes et aux forêts des contes traditionnels ; il arpente désormais les boulevards haussmanniens, le cœur même de la capitale impériale, avec l’assurance tranquille du conquérant. Kreyollywood : un écosystème pour le cinéma créole Cette réappropriation spéculative trouve son prolongement naturel dans mon concept de « Kreyollywood », un écosystème cinématographique centré sur les langues et esthétiques créoles. Tout comme Hollywood a créé les structures permettant l’émergence et la diffusion globale d’un certain cinéma américain, Kreyollywood vise à développer l’infrastructure matérielle, critique et théorique nécessaire à l’épanouissement d’un cinéma authentiquement créole. Ma thèse sur l’émergence d’une Nouvelle Vague créole dans le cinéma contemporain s’inscrit dans cette vision. Elle identifie le « réel magique » comme fil conducteur reliant le cinéma oral traditionnel aux expressions filmiques actuelles, comme capacité à intégrer naturellement l’extraordinaire dans le quotidien sans rupture ontologique.Dans les contes de Konpè Lapen, les animaux parlent sans que cela constitue une transgression des lois naturelles ; de même, le cinéma de la Nouvelle Vague créole incorpore des éléments surnaturels comme composantes organiques d’une réalité sociale complexe. Le lien entre le conte traditionnel et ces nouvelles expressions cinématographiques n’est donc pas artificiel ou forcé ; il révèle une continuité épistémologique profonde, une manière spécifiquement créole d’appréhender, de représenter et
  • Du Conte au couturier. La métamorphose parisienne de Konpè Lapen

    Au sein de la collection « Konpè Lapin Parisien : Chroniques de la Belle Époque », la série « Fashion Show » représente une incursion audacieuse dans l’univers de la haute couture parisienne de la fin du XIXe siècle. Cette série transforme notre protagoniste créole en véritable icône de style, naviguant avec assurance au cœur des défilés et des présentations de mode qui ont contribué à établir Paris comme capitale mondiale de l’élégance..
  • Métamorphoses créoles : Konpè Lapen réinventé à travers l’art numérique

    Au cœur des contes créoles se dresse une figure emblématique : Konpè Lapin. Ce personnage malicieux et toujours victorieux incarne l’intelligence et la résistance face à l’adversité. Transmis de génération en génération à travers l’oralité créole, ce héros aux mille tours a su déjouer les pièges des plus redoutables adversaires